vendredi 10 juin 2011

Disparition de Charles Mensah (1948 - 3 juin 2011)

Suite à la disparition du réalisateur gabonais Charles Mensah, voici un entretien réalisé par Olivier Barlet en juin 2006 :

Depuis l'élection du nouveau bureau lors du " Sommet du film africain " de Tshwane en avril 2006, la Fédération panafricaine des cinéastes connaît un renouveau. Quelles sont les nouvelles perspectives ?
En fait, " renouveau de la Fepaci " est effectivement le terme approprié, parce que l'Afrique du Sud essaie de bâtir toute son action sur le concept de la renaissance africaine. Je crois qu'on peut également l'appliquer à la Fepaci. Les autorités sud-africaines ont permis aux cinéastes du continent de se retrouver pour faire le point de la situation à travers ce sommet dont l'objectif était d'aboutir à des résolutions à transmettre à nos États à travers l'Union africaine et le Nepad. Donc, pendant trois jours, nous avons débattu de différentes questions liées à la production, la distribution et l'exploitation. Il en est sorti une série de recommandations. Le dernier jour a eu lieu le congrès de la Fepaci, le premier depuis sept ans. Ce sommet nous a donc donné l'opportunité de réorienter notre action mais également de renouveler les instances dirigeantes de la fédération. […]
L'enjeu aujourd'hui n'est-il pas de maintenir une production malgré les problèmes de diffusion ?
Oui absolument, et je crois que les Nigérians ont trouvé la réponse. Ils tournent dans la semaine un long-métrage, dans la semaine suivante la postproduction est faite et le surlendemain, le marché est saturé de DVD du film ! Ils sont déjà dans une logique d'un cinéma produit de consommation qu'on vous sert à domicile, comme on livre une pizza. À la limite ils n'ont pas de soucis de salles. On peut maintenant discourir sur la qualité de ces films. Le plus important pour moi est de trouver un public, donc d'exister. Ces films connaissent un véritable succès populaire et je pense que c'est une bonne chose car cela va créer une demande auprès d'un public africain qui, il faut le reconnaître, était formaté pour n'apprécier qu'un cinéma hollywoodien voire bollywoodien. À nous maintenant de surfer sur cette vague et de proposer à un public désormais disponible un cinéma certes plus créatif voire plus difficile mais dans lequel il se retrouve. […]
Le cinéma populaire ne risque t-il pas de tuer le cinéma plus exigeant ?
Pas du tout. Bien au contraire. Le cinéma populaire fait le lit d'un cinéma d'auteur qu'il finance et qu'il suscite. Tout producteur a besoin pour son prestige d'avoir dans son catalogue des films ayant une plus value artistique. Il en est de même pour les États qui tirent un bénéfice en termes de rayonnement lorsque le film de l'un de ses cinéastes a obtenu une distinction dans un festival.

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