vendredi 4 mars 2011

Haroun Mahamat Saleh fête et critique le Fespaco 2011

A la 22e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), le film de Haroun Mahamat Saleh brigue l’Etalon d’or de Yennenga. Mais le réalisateur tchadien fait entendre son mécontentement concernant le plus grand festival de cinéma africain : « Découvre-t-on ici quelque chose de nouveau, un film intéressant, une nouvelle voix, une nouvelle musique ? Non. » Le Prix du Jury au Festival de Cannes pour son dernier long métrage Un homme qui crie, Haroun Mahamat Saleh, 50 ans, a également contribué à la réouverture de la dernière salle de cinéma couverte de Ndjaména : Le Normandie. Haroun Mahamat Saleh est interviewé par l'un de nos envoyés spéciaux au Burkina Faso, Frédéric Garat.

RFI : C’est plus important pour vous d’avoir un prix au Festival de Cannes ou de pouvoir réouvrir une salle de cinéma au Tchad ?
Haroun Mahamat Saleh : Les deux choses sont importantes. Avoir un prix permet d’avoir un rayonnement international pour le pays, c’est ce qui s’est passé. Et cela réveille les consciences, permet d’ouvrir une salle de cinéma. Voilà. C’est comme au foot, une bonne passe quoi… Donc à la fin on se retrouve avec un but, oui.

RFI : Avoir l’Etalon d’or ici, ce serait autre chose ? Ce serait une cerise sur le gâteau supplémentaire, ou est-ce que vous êtes déjà satisfait d’avoir été reconnu par l’audience internationale ?
H.M.S. : Je suis satisfait déjà d’avoir eu le prix à Cannes, et je vous avoue que maintenant, l’Etalon d’or n’a pas – comment dire ? – une valeur extraordinaire pour moi, parce que quand vous voyez l’histoire des Etalons, il y a depuis quelques années, pas mal de films qui sont vraiment ce que les Cahiers du cinéma (revue française spécialisée dans le cinéma) appellent de grands téléfilms, souvent des films d’ailleurs ignorés sur le plan international, qui ne sortent pas, qui ne sont pas vendus, comme quoi ils ne parlent pas au monde, et que la valeur intrinsèque, me semble-t-il, de l’Etalon de Yennenga a perdu de sa superbe. Ce n’est pas de la prétention, mais je vous avoue que je commence à être très, très déçu par le Fespaco.

RFI : C'est-à-dire ?
H.M.S. : C'est-à-dire qu’il n’y a pas d’exigence dans la sélection. C’est le seul festival qui ne va pas chercher les films, il faut lui envoyer les films. Donc il n’y a pas un désir de chercher ce qui se fait. Et du coup, on attend tranquillement, en bon fonctionnaire, qu’on nous envoie les films, et à partir de ce moment-là on les sélectionne.

La suite sur RFI :
http://www.rfi.fr/afrique/20110302-haroun-mahamat-saleh-je-commence-etre-tres-decu-le-fespaco