lundi 17 mai 2010

Polémique autour du film franco-algérien Hors la loi de Rachid Bouchareb

Bouchareb au cœur de la tourmente
par Renaud de Rochebrune

Avant même sa projection au festival de Cannes, le 21 mai, le dernier long-métrage du réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb, "Hors-la-Loi", suscite la polémique en France. Car le film revient sur un sujet sensible et un enjeu de la "guerre des mémoires" : les massacres de Sétif et la guerre d’Algérie. Décryptage. Le Festival de Cannes n’avait pas encore commencé que, déjà, le film de Rachid Bouchareb faisait parler de lui ! Sélectionné sous les couleurs de l’Algérie, Hors-la-Loi se présente en quelque sorte comme la suite (au moins chronologique) d’Indi¬gènes, prix collectif d’interprétation masculine à Cannes en 2006. Depuis l’annonce de sa sélection, ce long-métrage s’est retrouvé au centre d’une polémique aussi vive que violente. Il a été accusé – excusez du peu – de « falsifier l’histoire » par des parlementaires français, à l’initiative du député Lionel Luca, qui ont réclamé son retrait de la compétition. Et même par le secrétaire d’État Hubert Falco, qui s’est appuyé sur un rapport du service historique de la Défense. Hors-la-Loi a ensuite été défendu, avec la même vigueur mais sereinement, par de nombreux intellectuels français ou vivant en France, historiens de renom en tête (de Benjamin Stora à Mohammed Harbi) et, en Algérie, moins sereinement, par le principal dirigeant du FLN, son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, et quelques autres.

Presque, donc, une affaire d’État, des deux côtés de la Méditerranée. À tel point que, selon l’hebdomadaire L’Express, Nicolas Sarkozy en personne aurait demandé à voir le film, en vain puisque la production – inquiète ou ravie de l’ampleur prise par cette affaire – a décidé le black-out jusqu’à la projection à Cannes, le 21 mai, à l’avant-veille de la clôture du festival. Les protagonistes de cette polémique n’ont pas encore vu le long-métrage ! Mais on sait déjà, avec une certaine précision, de quoi il parle. Il raconte divers épisodes de la guerre d’Algérie à travers l’histoire de trois frères devenus proches des nationalistes après avoir réchappé aux massacres de Sétif. Ces derniers ont provoqué la mort d’une centaine d’Européens (comme on disait alors pour qualifier ceux qu’on appellera plus tard les pieds-noirs) et de milliers d’Algériens – 45 000, dira le principal mouvement nationaliste de l’époque, énormément moins, diront les autorités françaises – dans les semaines qui ont suivi la manifestation du 8 mai 1945, dans cette ville du Constantinois, laquelle a tourné à l’émeute.

La suite dans Jeune Afrique
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2574p086-087.xml0/algerie-france-cinema-flnbouchareb-au-c-ur-de-la-tourmente.htm